mercredi 27 février 2013

Naissance du projet

Cela fait maintenant plusieurs années que je réfléchis à l'idée d'écrire un livre pornographique ou érotique, après m'être tardivement rendu compte que mes scénarios traitaient généralement tous de thématiques morbides et presque jamais de plaisirs charnels (à l'exception de rares passages du "Marquis d'Anaon" avec Matthieu Bonhomme, ou encore des "Derniers Jours d'un Immortel", dessiné par Gwen de Bonneval mais qui reste une œuvre récente et timide en ce domaine).

Bref, beaucoup de Thanatos pour peu d'Eros, alors que ces éléments fondamentaux font part égale dans l'Histoire de l'Humanité… et donc dans la plupart des histoires tout court. 


Comment expliquer cet évitement plus ou moins conscient ? Sans doute par de la pudeur mal placée, ou par une réelle appréhension du regard des autres (d'autant que je suis plus connu pour mes livres "jeunesse"), mais surtout par la peur de ne rien avoir de très original à écrire sur la question.

Et puis j'ai eu une idée simple, pas vraiment neuve mais qui m'a soudain décomplexé. 


Au lieu de mettre en avant mes fantasmes ou mes "petits récits pornographiques personnels", j'allais demander à des gens de me raconter leurs histoires à eux : des histoires authentiques (ou présentées comme telles) qui puissent me "parler" d'une manière ou d'une autre, en apportant un petit quelque chose de différent, d'étonnant, de singulier.

Une bonne idée sur le papier, mais il restait tout de même à trouver des interlocuteurs et interlocutrices qui accepteraient de me parler en toute franchise de leurs histoires de cul. 

J'ai alors pensé qu'internet me permettrait en partie de remédier à ce problème, et j'ai donc entamé ce projet début 2010 en passant une annonce sur différents sites, mais en utilisant un pseudo et en communiquant une adresse mail anonyme : sans doute un reliquat de ma peur de trop me dévoiler. 

J'ai bien reçu une dizaine de réponses en cours d'année, mais j'ai vite compris que mon anonymat créait une forme de méfiance chez certains de mes contacts, tandis qu'au même moment, en parlant ça et là de mon projet, je m'apercevais qu'il était finalement beaucoup plus simple et naturel de parler de sexe en toute franchise avec des ami(e)s proches, ou même des connaissances plus lointaines pour peu qu'une relation de confiance se soit spontanément créée en cours de conversation. 
C'est à partir de ce moment que j'ai décidé d'écrire ce projet sous mon vrai nom, en me disant qu'après tout, Tomi Ungerer ou Zep avaient bien fait des livres "jeunesse" et des livres de cul, eux aussi.

J'ai donc commencé à recueillir des anecdotes, des bribes de récit,
des phrases amusantes, des expressions…

Et je sais désormais que ce processus demande beaucoup de temps. Car autant il m'est difficile de définir avec précision le type d'anecdotes que je recherche (il peut s'agir d'histoires banale ou décalées, étranges ou touchantes, poétiques ou incongrues, drôles ou tragiques), autant je suis extrêmement pinailleur sur les récits que je conserve ou non. Tout se passe comme si mon inconscient se faisait une image très précise de ce qu'il attendait, mais que mon conscient était bien en peine d'expliquer à mes interlocuteurs de quoi il s'agit…

Il n'empêche que bon an mal an, j'ai tout de même réussi à glaner quelques belles histoires, un peu comme on le ferait en collectant patiemment des fleurs destinées à un herbier (d'où le nom du projet). 

J'en ai même suffisamment recueillies pour pouvoir alimenter régulièrement une rubrique dans la revue numérique "Professeur Cyclope", et pour envisager de publier un premier livre d'ici an environ.

Que désormais ceux et celles d'entre vous qui veulent me raconter de vraies belles histoires de cul n'hésitent plus à me contacter !

Fabien Vehlmann

FAQ

Q : Quel type d'histoires recherchez vous exactement ?

C'est la question la plus simple mais aussi la plus difficile.

- Primo, je cherche évidemment des histoires où la sexualité jouera le premier rôle.

- Ces histoires pourront bien sûr être excitantes, mais ce n'est pas une obligation absolue. La plupart des anecdotes déjà collectées sont  simplement intéressantes.

- Vos récits pourront certes concerner des ratages pathétiques et rigolos, mais ce type d'approche se trouvant déjà fort bien traités dans d'autres livres (ainsi, dans
"Cul Nul" d'Anne Baraou et Fanny Dalle-rive, édité par l'Olivius), je serai sans doute amené à être plus sélectif dans cette catégorie.

- Même tri un peu plus sélectif pour les récits de "premières fois", déjà abordées par exemple par Sibylline chez Delcourt, ou par Jean-Paul Krassinsky chez Fluide Glacial (sur un concept d'ailleurs assez proche de celui de ce projet). Mais que cela ne vous empêche pas de me raconter ce type de récits, au cas où.

- Je ne recherche pas particulièrement d'infos sur les nouvelles tendances en matière de sexualité (nouvelles pratiques fétichistes, nouveaux sex-toys, nouveaux comportements amoureux…), car là encore, des experts en parlent déjà beaucoup mieux que moi (telle la brillante Maïa Mazaurette dans sa chronique de SexActu). Mais les choses sont différentes si vous avez une histoire particulière et singulière à me raconter à propos d'une de ces pratiques.

- Il peut s'agir d’une histoire longue ou d’un récit d’à peine quelques phrases. D’un souvenir lointain ou proche. D’un moment hyper-fugace, d’une pensée qui vous a traversé l’esprit ou au contraire d’un évènement étalé sur les années. D'un rêve. De quelque chose d’agréable ou de dérangeant. D’un souvenir quasi-fantasmé ou d’une réalité très crue. Ma seule limite : je serai bien incapable de retranscrire correctement un évènement sexuel traumatique violent.

Sinon, tout est possible, du moment que vous acceptez de le raconter avec honnêteté et précision.

- Je ne recherche pas forcément de l'extraordinaire, genre "J'ai fait l'amour avec 6 femmes à la fois". Je serai éventuellement épaté, mais pas systématiquement intéressé par l'histoire en question. Car un bon récit sur le sexe peut parfois partir d'un non-évènement absolu. Et comme me l'a dit un ami auteur : "Rien n'est plus conventionnel que l'idée de faire du sexe une chose exceptionnelle". Je peux donc paradoxalement me montrer plus intéressé par le témoignage d'une personne persuadée de n'avoir pas grand chose à raconter mais qui sera simplement prête à jouer le jeu de l'entretien avec sincérité.

- Pour des raisons assez logiques, je manque encore cruellement de récits provenant de milieux socio-culturels très éloignés du mien : rien de bien surprenant, puisque j'ai commencé par démarcher des ami(e)s faisant parti de mon entourage plus ou moins proche. Mais je trouverais dommage de ne pas doucement étendre mes recherches à d'autres milieux, pour permettre à ce projet d'avoir moins d'angles morts.


Q : Préférez-vous rencontrer vos interlocuteurs ou bien recevoir des récits par courrier ? Comment vous contacter ?

Je préfère nettement rencontrer mes interlocuteurs. Il est toujours infiniment plus simple et plus rapide de discuter en "direct live" avec les gens, afin que je puisse rebondir sur tel ou tel détail, et éventuellement poser des questions plus précises, par exemple quand j'ai l'impression de voir se dessiner un thème ou une anecdote intéressante. Précisons au passage que je me contente de prendre des notes écrites, à mon sens moins intimidantes qu'un enregistrement. D'autre part, il est bien évident que je n'émets jamais de jugement moral sur ce qui m'est raconté lors de ce type d'entretiens.

Le premier contact se fait généralement de manière spontanée lors d'un festival ou après une discussion inopinée. Mais vous pouvez aussi me contacter par mail, en vous présentant brièvement et en m'exposant éventuellement le type d'histoires que vous souhaiteriez me raconter. Nous verrons alors s'il est envisageable de nous croiser à l'occasion d'un de mes déplacements.

Pour certain(e)s, enfin, le passage par l'écrit peut s'avérer indispensable afin - entre autre - de conserver un anonymat absolu. L'envoi de récits complets par mails est alors certes possible, mais je préfère vous prévenir que ce modus operandi est tout de même beaucoup plus compliqué à gérer pour moi, et que je ne l'utiliserai donc que dans quelques cas bien particuliers.




Q : L'anonymat de vos contributeurs est-il bien assuré ?

Je serai amené à changer systématiquement les prénoms, noms, lieux et parfois métiers de vos anecdotes (au risque de gâcher un peu la vraisemblance de l'ensemble) : une manière pour moi d'éviter qu'une personne impliquée dans le récit puisse se sentir blessée ou instrumentalisée.
D'autre part, je fais systématiquement relire les récits obtenus aux personnes concernées, pour validation :  cela vous permettra de bien réfléchir avant d'accepter la publication ou non du récit, voire de me demander de rectifier tel ou tel détail qui vous semblera important.



Q : Un certain nombre de vos récits semblent avoir une sorte de "chute". Est-ce que je dois y réfléchir avant de vous parler de mes histoires ?

Ne vous prenez pas la tête avec ça. Il m'arrive souvent de réorganiser les différentes parties des histoires entendues, de manière à terminer par ce que j'estime être le moment le plus amusant ou le plus révélateur.


Q : Qu'est-ce qui vous assure que les histoires proposées seront vraies ?

Rien ne pourra jamais me l'assurer à 100%. Et c'est très bien ainsi, car ce jeu entre vérité et fantasme fait partie intégrante de tout projet érotique.
Je peux juste préciser que je ne garderai que les récits qui m'auront semblé "sonner juste", à tort ou à raison.



Q : Dois-je avoir moi-même vécu l'anecdote que j'évoquerai ?

S'il est toujours plus intéressant d'avoir un récit de "première main", vous pourrez aussi juste avoir été le témoin privilégié ou le confident du récit concerné. Mais pas au delà : car "l'histoire de l'homme qui vu l'homme qui a vu l'ours" n'est bien souvent qu'une légende urbaine. Qui plus est, l'autre grand intérêt d'avoir vécu ou vu une histoire de près, c'est que cela vous permettra de m'apporter des détails sur telle ou telle partie précise du récit. Or l'érotisme, tout comme le diable, se loge bien souvent dans les détails.


Q : Quelle forme prendra votre livre ?

Après avoir été prépublié numériquement dans la revue Professeur cyclope, l'Herbier Sauvage va désormais être édité sous forme "papier" aux éditions Soleil, collection Noctambules, grâce à l'enthousiasme de Clotilde Vu. 

Date de sortie du premier opus - illustré par la talentueuse Chloé Cruchaudet - : le 25 mai 2016. 
Deux autres livres suivront, en 2017 et 2018, qui seront illustrés par d'autres dessinateurs ou dessinatrices.